Les patins à roulettes. Octobre 2011

Les patins à roulettes Revue La faute à Rousseau. Octobre 2011

Moi aussi j’avais des patins à roulettes. Mais ils n’avaient pas la séduction des siens. Les miens, avec leurs quatre roues métalliques, étaient bruyants, lourds, lents, vulgaires. Lui, quand il s’élançait sur ses patins à trois roues recouvertes de caoutchouc, était léger, délicat, aérien.
Le luxe, la richesse, pour la fillette que j’étais dans les années cinquante, s’incarnaient d’abord dans ces patins à trois roues caoutchoutées avec lesquels s’amusait mon cousin germain. Pour mes parents la richesse passait plutôt par ces objets qu’ils n’avaient pas encore mais auraient plus tard – le frigidaire, le pick-up, la télévision, la machine à laver – et surtout par ces possessions qu’ils n’auraient jamais : la Cadillac, le grand pavillon en meulière, les meubles anciens, les bijoux, la villa sur la Côte d’azur, le manoir en Sologne…
De ces objets et possessions, eux les patrons, c’est-à-dire mon oncle et ma tante, en jouissaient sans songer un instant à les partager avec ceux qui étaient restés ouvriers, c’est-à-dire mes parents.

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A la recherche d’une histoire perdue 2012

Ce texte “A la recherche d’une histoire perdue” figure dans le livre Archives familiales: modes d’emploi, Véronique Montémont et Catherine Viollet, Academia L’Harmattan Fév 2013

« Genèse autobiographique et collecte des traces ». Mais comment faire quand il n’y a pas de « traces » ou très peu, pas ou peu de traces matérielles, ou mémorielles, pas ou peu de récit ?
La vie sans archives, sans traces, telle est pour moi la marque de l’exil. L’exilé part souvent le coeur serré et les mains vides, avec lui quelques vêtements, parfois, quelques objets, un médaillon, une photo, quelque chose qui lui appartient en propre, qui lui permet, même en exil, de ne pas être dans le dépouillement de tout, dans l’absence de sa vie d’avant.

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Et ils résumèrent leur vie…2012

Dans le numéro de juin 2012 de La revue LA FAUTE A ROUSSEAU

« Et ils résumèrent leur vie »

Mon premier livre, il y a une quinzaine d’années : une autobiographie politique, ainsi titrée Un chagrin politique.Autobiographie politique ? Soit : reprendre un cheminement, de pensées et d’actions. D’engagements. De combats. Dire pourquoi ceci et pourquoi cela. Du moins le tenter. A la fois raconter, transmettre, rendre des comptes. En faire aussi. Et au moment des comptes, à l’entrée de la cinquantaine, dire : un chagrin. Ah bon, on peut éprouver un chagrin politique ! Deux sens : éprouver du chagrin à cause de la politique. Et que ce chagrin soit en lui-même politique, car somme toute, si l’on éprouve du chagrin, c’est que l’on n’est pas complètement résigné, insensible, inerte.

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L’orageuse liaison du socialisme et des femmes. Juin 1981

Article in F magazine Juin 81
L’orageuse liaison du socialisme et des femmes
La gauche et les femmes : historiquement, une succession le rendez-vous décevants. En sera-t-il autrement cette fois, à l’heure où la France donne sa chance aux socialistes ? La réponse dans les mois qui viennent.

« L’année prochaine doit être pour les femmes ce que fut le Front populaire pour la classe ouvrière : l’année de la libération. » Qui a dit cela ? François Mitterrand. Quand ? Lors de sa première candidature à l’Elysée. Le grand vainqueur d’aujourd’hui accomplira-t-il l’ambition du perdant de 1965 ? En 1981, les femmes qui, dans l’intervalle, se sont activement occupées de leur libération, savent bien qu’une année n’y suffit pas. Mais le présent et l’avenir de la « moitié du ciel » peuvent avantageusement s’éclaircir si le ciel tout entier s’en mêle. Pendant le septennat giscardien, les Françaises ont été séduites et abandonnées. Qu’en sera-t-il sous la présidence de François Mitterrand?

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Article dans la revue Gauche 1984

UN ARTICLE DANS LE NUMERO DE LA REVUE GAUCHE (Novembre-décembre 1984)

Mis en ligne février 2012
Ci-dessous un article écrit en 1984. Mise en garde donc contre le libéralisme. Mais il a fallu presque 30 ans pour que la critique du libéralisme économique soit prise un peu au sérieux, devienne même une antienne, y compris de la part de ceux qui en avaient vanté les vertus, et pas seulement à droite. 30 ans ou presque, soit le temps mis pour qu’on prenne conscience des ravages du capitalisme, lorsqu’il est livré à lui-même et qu’on le laisse aller au bout de lui-même.

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Le féminisme à l’épreuve des mutations géopolitiques 2010

Mon intervention lors du congrès international : Le féminisme à l’épreuve des mutations géopolitiques (Décembre 2010)
Ce congrès se tient dans le cadre des « 40 ans du MLF », anniversaire célébré au long de cette année 2010. Il n’était pas écrit à l’avance que les 40 ans du MLF serait objet et sujet d’un anniversaire. A-t-on fêté les 10 ans, les 20 ans, les 30 ans ? Non, tandis qu’à chaque décennie revenait la célébration de mai 68. Il y a eu les « 40 ans du MLF » parce que quelques-unes l’ont décidé. C’est ainsi : les « 40 ans » furent avant tout le fruit d’une décision. Et parce que cette décision a été prise, d’autres, nombreuses, multiples ont suivi : décisions de faire des expositions de photos, de projeter des films et des vidéos, d’écrire des livres, de réaliser des documentaires, des émissions de radio et de télévision, d’organiser des débats, des journées d’études, des rencontres, de se rassembler dans les rues ou sur une esplanade, de créer un blog, de faire des fêtes ou, nous y sommes, de se réunir en congrès.

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