32 jours de mai

Ce roman, j’aurais préféré qu’il porte le titre que je lui avais choisi, Fragments d’un livre de mai,
j’aime bien ce mot “fragments”, et ce livre, en effet, est composé de fragments, “fragments d’existence soustraits au temps”, pour reprendre ces mots de Proust, mais il est aussi fragmenté, comme la mémoire, justement, et comme la vie,
des bouts de vie, des vies en mai,
mai 68 en France, le mai de Jeanne et de Louise,
ou mai 1882, le mai de Lou et de Nietzsche en Italie,
ou mai 1981, ou mai 1993…
Mais il paraît que ce titre était trop compliqué, ou pas assez explicite, donc c’est un autre titre
pour ce roman de l’attente, attente de la révolution et attente d’une déclaration d’amour,
un roman dont mai 68 est peut être le personnage principal ou central, mais qui n’est pas un roman sur Mai, plutôt un roman de Mai, c’est-à-dire venant de là, de ces jours là, de cette existence-là, de cette ouverture-là,
roman d’une nostalgie assumée,
roman-essai ou plutôt méditation sur l’enchantement et le désenchantement, sur l’engagement et le courage, sur la fidélité, sur l ‘amertume du jeu social, sur le rapport à la souffrance des autres et la réconciliation avec ce que Vassili Grossman, appelle, dans Vie et destin, la bonté anonyme, la bonté sans idéologie.

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Un chagrin politique

L’impression d’avoir eu deux vies, l’une avant 1981, l’autre après. Avant : l’enfance dans une famille ouvrière, le salut par l’école de la République, les études à la Sorbonne, l’engagement politique, le désir de révolution, le bonheur de Mai 68, l’enseignement de la philosophie dans une ville du nord, le Mouvement de libération des femmes, le journalisme à Libération. Après : la gauche au pouvoir, la pesante décennie quatre-vingt, les années des gagnants et des gagneurs…

Ce livre est une sorte d’autobiographie politique, un récit singulier, non sur le registre de la confession, ou de la mise en scène, de l’auto-hagiographie ou de l’auto-flagellation. Mais avec le souci de retracer les différents moments d’un parcours politique, d’une expérience sociale. De faire les comptes. D’en rendre aussi…

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