L’IVG ne relève pas de la santé mais des droits humains

Tribune dans Libération 25 mars 2023

Le 8 mars, lors de la cérémonie célébrant l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution française, le président de la République a annoncé sa volonté d’inscrire le droit à l’IVG dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Excellente nouvelle.

Mais, quelques jours plus tard, le ministère de la Justice a réaffirmé, pour justifier le refus français d’une proposition faite par la Commission européenne concernant le viol, que la définition de celui-ci ne relevait pas de l’Union européenne mais des Etats membres. Position française déjà énoncée en novembre 2023 lors du débat à Bruxelles sur la directive relative à la lutte contre les violences faites aux femmes. C’est ce qui s’appelle «se tirer une balle dans le pied».

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Faire entrer les droits des femmes dans la définition de l’Etat de droit

Tribune parue dans Libération le 17 janvier 2022

La France a placé sa présidence du Conseil de l’Union européenne sous l’égide de trois termes : « puissance », « relance », « appartenance ». Prenons les au sérieux et allons au-delà d’un affichage rimé.
Si l’on entend par « puissance » non la domination mais la capacité à agir, à s’emparer de la complexité du présent, à préparer l’avenir, à se donner les moyens d’une indépendance et d’une souveraineté à plusieurs, alors il n’y a pas de « puissance » sans égalité entre les femmes et les hommes, c’est-à-dire sans abolition générale du patriarcat et de la domination masculine. Les inégalités entravent la « puissance » ainsi conçue, l’égalité la favorise.

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Le droit à l’avortement doit enter dans la définition de l’Etat de droit

Ma tribune dans l’Express 4 septembre 2021

« La loi du cœur qui bat » (« Heart beat act »), tel est le titre de la loi votée au Texas en mai dernier (et non suspendue par la Cour suprême des Etats-Unis ce qui revient à la valider) qui interdit l’avortement,  même en cas de viol ou d’inceste, au-delà de 6 semaines de grossesse, soit une période où de nombreuse femmes ne savent même pas qu’elles sont enceintes !
Souci des battements à peine perceptibles du cœur d’un fœtus, respect de la vie comme l’avancent les opposants à l’IVG ? Plutôt farouche opposition à la liberté des femmes, celle de choisir si elles veulent ou non conduire une grossesse à son terme.
Mais surtout reprise, poursuite de ce qui se joue depuis des siècles, depuis des millénaires, partout dans le monde, sous toutes les latitudes et dans toutes les cultures : le contrôle du corps des femmes et de leur sexualité, ce « continent noir «  dont parlait Freud, si mystérieux, à la fois si dévalorisé et si jalousé, dans un mélange de peur et de fascination qui est bien l’une des origines de la domination patriarcale.

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