Discours de soutien Martine Aubry

Intervention au meeting de Martine Aubry, Lille, 13 octobre 2011

Puisque je viens d’être présentée comme une militante féministe, et même un peu canal historique, vous vous attendez sans doute à ce que je dise : je vote Martine Aubry parce qu’elle est une femme. Eh bien non, autant le dire d’emblée, je ne vote pas Martine Aubry parce qu’elle est une femme. En effet le fait d’être une femme n’est pas suffisant, ce n’est pas en soi une garantie de progrès, de justice. Ainsi Marine Le Pen est une femme et jamais je ne voterai pour elle.

Je ne vote pas Martine Aubry parce qu’elle est une femme, je choisis Martine Aubry, non pas parce qu’elle est une femme mais parce qu’elle est cette femme-là, singulière, avec sans doute des défauts mais surtout avec des qualités décisives à mon sens, pour exercer la présidence de la République, pour être à la hauteur de la fonction et de la mission, car oui il faut avoir une haute idée de cette fonction et de cette mission : présider la République

Donc cette femme-là, Martine Aubry, c’est-à-dire une femme intelligente, déterminée, volontaire, courageuse. Soutenir Martine Aubry, ce n’est pas non plus affirmer être d’accord sur tout avec elle – mais j’ai la certitude qu’elle ne souhaite pas des soutiens béats ou béni oui oui – c’est regarder les plateaux de la balance et considérer que l’un est plus lourd que l’autre.

Donc voter Martine Aubry, c’est voter pour une femme particulière, porteuse d’une personnalité qui correspond à ce que nous attendons du chef de l’Etat, c’est aussi voter pour un programme, pour des engagements, et oui, en effet, c’est aussi voter pour une femme.

La féminisation d’un mot et d’une fonction conjugués au masculin depuis plus d’un siècle, est ce que cela change quelque chose ? En soi non. Mais quand cette conjugaison nouvelle est portée par cette femme-là, Martine Aubry, une femme de gauche déterminée, oui, cela constitue un changement considérable.

A celles et ceux qui dimanche dernier ont voté pour d‘autres candidats, en particulier pour Ségolène Royal et Arnaud Montebourg, ou qui n’ont pas voté du tout, ou qui hésitent encore, dites que dimanche 16 octobre, en votant pour que Martine Aubry soit la candidate de la gauche, ils ont l’occasion de faire un geste historique. Je n’emploie pas ce mot au hasard.

Historique parce qu’en désignant encore une fois non pas une femme, mais cette femme-là, Martine Aubry, nous désignons une femme capable de battre Nicolas Sarkozy – car nous sommes tous d’accord, un deuxième quinquennat de Sarkozy, non merci- . et capable d’être une présidente efficace.

Oui dites à celles et ceux qui hésitent encore que le moment est venu. Se non ora quando ? C’était le slogan des femmes italiennes, qui par centaines de milliers, avec beaucoup d’hommes aussi, sont descendues dans les rues pour dire et leur ras le bol de Berlusconi et leur ras le bol des inégalités et du sexisme. Si ce n’est pas maintenant, quand ? demandaient-elles. Je demande aussi : si ce n’est pas maintenant, dans cette automne 2011 que nous désignons celle qui pourra devenir présidente au printemps 2012, ça sera quand ?

Ce n’est pas plus tard, c’est maintenant, dans ce moment historique de crise mondiale, donc un moment difficile mais qui dit crise dit aussi nécessité de changement : dans ce moment là, il faut non pas être « normal » mais plutôt être hors normes, justement, sortir de ce qui est le tout venant, l’habituel, le « c’est comme ça et il faut faire avec » pour aller  vers quelque chose d’autre, vers du différent, vers du nouveau. Or Martine Aubry est cette candidate du changement, non pas en promettant la lune, non pas en faisant croire qu’elle possède une baguette magique mais en analysant une situation et en proposant des leviers pour la changer

Ce n’est pas plus tard, c’est maintenant , dans ce moment démocratique qui se joue sur la scène française, c’est maintenant qu’il faut saisir cette chance : désigner celle qui s’est engagée sur le chemin de l’égalité en général et de l’égalité femmes-hommes en particulier, cette inégalité hélas si constante, si tenace, malgré les lois, malgré les progrès accomplis ces 40 dernières années. Car on ne peut que le constater, alors que nous sommes au début du troisième millénaire cette égalité, qui devrait aller de soi, être évidente pour tout le monde, eh bien non, elle est encore loin d’être une évidence ; ou bien elle l’est, mais dans les mots, les discours, pas dans les faits, pas dans les mesures prises, les politiques conduites. Or Martine Aubry rompt avec cela, par exemple en affirmant que devenue présidente de la République, sa première loi sera une loi d’égalité des salaires.

Je n’ai pas le temps de détailler ici son programme, je veux cependant en souligner un aspect qui me parait déterminant, en tout cas qui fait partie de ce qui m’a déterminée à choisir Martine Aubry. Ce programme en effet ne considère pas l’égalité femmes hommes comme un enjeu secondaire, subsidiaire, à mettre en fin de catalogues, mais comme un enjeu décisif, comme un signe et une condition de la démocratie et d’une république juste..

Ce n’est pas plus tard, c’est maintenant, dans ce moment lui aussi historique sur la scène internationale – cette scène que Martine Aubry a été, il faut le souligner, la seule à évoquer dans les débats d’avant le premier tour -, dans ce moment où de l’autre côté de la Méditerranée les peuples se libèrent de dictatures dont on trouvait normal, tiens donc, de s’accommoder, dans ce moment qu’on a appelé le printemps arabe où les femmes ont été nombreuses sur les places et dans les rues, en Tunisie, en Egypte, en Libye, ailleurs encore, qu’en élisant Martine Aubry, la gauche dimanche 16 octobre, la France en 2012 donneraient au monde un signal positif d’ouverture et d’audace. Car qui peut nier qu’en élisant le 6 mai 2012 à la présidence de la République, une femme de gauche, déterminée et courageuse, qui peut nier que la France serait regardée autrement ? Ainsi nous retrouverions la France que nous aimons, celle qui a su, à certains moments de son histoire, donner le visage non pas d’un pays frileux, replié sur lui-même, qui a peur du monde et des autres, mais une France audacieuse, qui invente pour elle et pour les autres.

Alors oui, dites-le à celles et ceux qui hésitent encore, dites leur ce n’est pas plus tard, que c’est maintenant, c’est dimanche 16 octobre, qu’il faut voter, oserai-je le dire, comme un seul homme, pour cette femme-là , Martine Aubry.

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