C’est un refrain, ou une antienne, ou une manie, ou une obsession, je ne saurais le dire, en tout cas ça revient, c’est régulier, pas la faute à Voltaire, pas la faute à Rousseau, la faute à mai 68, presque 40 ans plus tard, toujours la faute à Mai, Sarkozy vient encore d’entonner la rengaine, après d’autres, avant d’autres, pas de raison que ça s’arrête.
Donc les valeurs qui foutent le camp, l’autorité qui n’existe plus, les élèves qui n’apprennent plus rien, les repères qui ont disparu, le civisme qui est absent, sempiternellement, pour certains, la faute à Mai, et l’on s’étonne que Mai n’ait pas encore été jugé responsable (d’une manière ou d’une autre) des attentats du 11 septembre et de Ben Laden !
La faute à Mai et sûrement pas la faute au chômage, aux politiciens la main dans la caisse, aux pots de vin, aux jeux télévisés où l’on gagne l’équivalent d’une année de travail en répondant à des questions ineptes, aux ménages grassement payés des stars de cinéma et des medias, à l’étalage du fric, sous la gauche ou sous la droite.
Est-ce la faute à Mai 68 si depuis deux décennies maintenant chacun peut quotidiennement à 20 heures prendre acte des turpitudes de quelques-unes de nos « élites » politiques, patronales, sportives, médiatiques et j’en passe, toutes soixanthuitardes évidemment, et grâce auxquelles le « rappel à la loi » passe aux yeux des collègiens et lycéens pour du prêchi-prêcha et une vaste imposture, tant certains montrent que la loi et son respect valent pour les autres mais pas pour soi ? Est-ce un soixanthuitard qui, deux septennats durant, de 1981 à 1995, a présidé la République, prônant, au nom du socialisme, la réconciliation de la France, non seulement avec l’entreprise, le profit, le capitalisme mais aussi avec le fric, les gagnants et autres gagneurs, avec un cynisme qui ne pouvait que laisser abasourdi ? Est-ce un soixanthuitard qui était à la tête d’une certaine mairie alors que se multipliaient emplois fictifs, pots de vin et autres menues entorses aux lois républicaines ?
Qui ne voit pas que ces comportements étalés et souvent impunis, ce laisser aller, ce dévergondage affiché et presque revendiqué et qui n’ont pas encore trouvé leur Balzac, ont fait davantage pour la démoralisation de la France et des Français et la « crise du civisme” que des slogans brandis il y a plus de 38 ans ?