« Une vie de combats », tel est le titre du livre que Liliane Chalon a consacré à sa mère Simone.
Des combats, en effet, cette Simone-là, née en 1922 et morte en 2011 en a menés beaucoup. Et certains d’entre eux sont toujours au cœur de l’actualité.
Il y a d’abord celui de la Résistance, « une évidence » dira-t-elle plus tard, durant la seconde guerre mondiale. Au fil des décennies, les noms des résistantes sont peu à peu sortis de l’oubli, montrant ainsi que la lutte contre le nazisme se conjuguait aussi et largement au féminin. La jeune Simone a 20 ans, elle habite Cluny et elle devient vite une agente de liaison entre des réseaux et maquis, embarquée ainsi dans la résistance bourguignonne, dont son père est l’une des figures. C’est aussi dans ce cadre qu’elle rencontre celui qui deviendra son mari.
Fin de la guerre, naissance des enfants, et assez vite un autre engagement, celui pour la protection de l’enfance, d’abord aux côtés d’Alexis Danan qui, avant la guerre, avait rendu visible l’horreur des bagnes d’enfant et des pénitenciers et qui dans les années cinquante continuait à être un militant de la cause de l’enfance.
Simone Chalon fait sien ce combat contre « l’enfance maltraitée ». Pour elle, il ne s’agit pas seulement de mettre à l’abri des enfants victimes de violences physiques, sexuelles et morales mais bien de dénoncer ces violences et de mettre en cause un fonctionnement institutionnel peu ou pas assez efficace.
Le livre raconte, page après page, les multiples formes d’une lutte de quarante années : critiques sévères de l’Aide sociale à l’enfance, de la Protection maternelle et infantile, du placement des enfants qui trop souvent errent de famille d’accueil en famille d’accueil ; interpellations de présidents de la République, de ministres, d’élu.e.s nationaux ou locaux ; témoignages dans des journaux, interventions à la radio ou dans de multiples réunions et colloques, publication de livres; plaidoyers pour d’autres lois ; révision des modalités d’adoption ; et aussi, dans un mélange d’acharnements et parfois de découragements, une lutte contre l’inceste, lutte qui, on le sait, reste toujours et hélas d’actualité.
Simone Chalon prendra la tête d’Enfance Majuscule et créera la revue du même nom destinée aux professionnels de l’éducation, de la santé, des affaires sociales afin, comme le dit le premier éditorial, en 1991, d’être « l’observateur attentif de tous les évènements mettant en cause l’enfant en tant qu’individu dans son environnement familial ou social » pour aussi souligner que « l’enfance n’a pas de frontière » et qu’elle relève d’un « regard pluriel ».
A ces nombreuses activités s’ajoutait la vie de famille, les enfants à élever, ou encore l’écriture de poèmes et plus tard de courts récits pour les petits-enfants.
Femme de combat, femme de conviction, rien ni personne ne semblait intimider Simone Chalon dès lors que la cause de l’enfance était en jeu. Une belle cause, à coup sûr.
Une vie de combats. Liliane Chalon. Ed Sydney Laurent. 2020.