Guéhenno, Tomasi, identité nationale, 22 juin 2007

Je suis en train de lire « Journal des années noires », de Jean Guéhenno, chronique qui court de 1940 à 1944. Quelques citations qui n’ont évidemment rien à voir avec la scène française actuelle. 14 Août 1940 : « Ces dernières semaines m’ont été infiniment pénibles, tandis que la sottise s’installait au pouvoir. Clermont était devenu, avec Vichy, le refuge des journalistes, des écrivains, des meneurs de l’opinion, de tout ce qui passe pour penser. Je connaissais beaucoup de gens. J’ai pu voir comment ils se soumettaient aux puissances nouvelles. »

Je le redis, rien à voir évidemment avec la scène française de juin 2007.

 

Alors dans l’actualité de la petite scène française, rire, pour ne pas pleurer toute la journée. Ces derniers jours, ce qui m’a fait rire, c’est : « mi pute mi soumise ».

Une autre source de satisfaction, c’est la colère et l’amertume des gens de droite qui voient les postes et places leur passer sous le nez parce qu’ils sont attribués aux gens de gauche ou prétendus tels. Réjouissants en effet sont les compte-rendus des réunions UMP. A quoi bon se décarcasser, disent en substance élus et battus de droite, si de toute façon c’est à « nos adversaires » que vont les « récompenses » distribuées par le Président. Ca leur apprendra ! Alain Juppé, battu à Bordeux et donc démissionnaire,  doit penser que pour faire partie de « Fillon 2 », vaut mieux être un Kouchner qui, venu du parti socialiste, n’a cure d’affronter le suffrage universel ! (mais mon sentiment est que Nicolas Sarkozy est bien content d'être débarassé d'un grand frère chiraquien!)
Autre satisfaction, le faible pouvoir des uns et des autres se bousculant pour être ministre, alors que tout semble partir et revenir à l'Elysée, au président, à ses conseillers. On devine déjà la quantité de couleuvres qu'ils ont à avaler.
A propos de couleuvre, une autre citation, du Guépard, (oui, le Guépard de Tomasi, vous vous souvenez, "faire que tout change pour que rien ne change") donc à propos de couleuvre : "il avait avalé la couleuvre, la tête et les entrailles, bien broyées, descendaient dans son gosier; il fallait encore avaler la queue, mais ce n'était pas grand chose en comparaison du reste: le plus gros était fait".

 

Une chose me frappe dans le ralliement des un(e)s et des autres à Sarkozy, outre le souci que ces gens ont d’eux-mêmes et de leur personnelle carrière (affiché autrement, bien sûr, notamment « je mets les mains dans le cambouis », ou « je me sacrifie pour la France ou les Français(e)s »…) c’est la vision étroite, corporatiste en quelque sorte de leur décision. Ils ne font pas partie d’un gouvernement qui va conduire une politique, laquelle politique est transversale, non, ils se cantonnent à leur enjeu, quand ils en ont un, comme si cela suffisait. L’un plaide pour le revenu d’insertion, l’autre pour les quartiers, l’autre pour le droit d’ingérence… Comme si ces dossiers étaient coupés des autres, comme si une politique conduite dans le domaine social ou économique ou judiciaire était sans conséquences pour leur dossier propre. Ma grand-mère appelait ça « ne pas voir plus loin que le bout de son nez. ». Ainsi Fadela Amara et Bernard Kouchner ne sont pas gênés par le ministère de l’immigration et de l’identité nationale. Moi, si (entre autres). Raison pour laquelle j’ai signé la pétition initiée par les historiens démissionnaires du conseil d’administration de la cité de l’immigration publiée par Libération de ce matin (22 juin) et que l’on trouve sur le site  www.upolin.org.

 

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