Royal, oui. La cour, non (7 avril)

Je fais partie des 150 qui ont signé l’appel à voter Ségolène Royal au premier tour de l’élection présidentielle qui a été publié le 1er mars dans le Nouvel Observateur. Je ne regrette rien. Je le resignerais aujourd’hui s’il le fallait. Je persiste en effet a penser qu’il faut voter pour la candidate socialiste dès le premier tour. Nous étions 150, il parait que nous sommes 20000.

J’ai appris cela en allant l’autre soir à la réunion de soutien organisée à Paris, à la maison de l’Amérique latine. 22 signataires donnant leurs raisons de voter Ségolène Royal le 22 avril.

Intervenants intelligents et de qualité (sociologue, historien, psychanalyste, écrivain, avocat, journaliste, mathématicien, économiste, juriste…), parité (11 hommes, 11 femmes). Assistance qui l’était tout autant…

Comment dire ce malaise, ce mal être qui, au fil de la soirée, s’est emparé de moi et a fait qu’aux deux tiers de l’affaire, je suis partie ? Quelque chose de trop. En trop.

Trop d’affirmations qu’avec Ségolène, tout serait différent, que la candidate allait tenir ses promesses, toutes ses promesses, chacun d’ailleurs ayant entendu des choses contradictoires, trop d’éloges à son endroit, trop de qualités qui lui étaient décernées.

Trop d’impression que déjà la cour était constituée, que déjà il ne fallait plus émettre la moindre réserve, la moindre critique, que déjà la moindre distance était suspecte.

Alors Ségolène Royal au premier tour, oui. Mais sans courtisanerie. Sans allégeance. Sans aveuglement. Sans faire comme si la gauche, depuis plus d'un quart de siècle, n'avait pas été au pouvoir un nombre non négligeable d'années. Voter ségolène Royal au premier tour pour qu'elle soit présente au second. Faire fi de la misogynie ambiante. Non seulement en faire, la dénoncer aussi. Et saluer le culot, le courage de la candidate. Mais de grâce, ne pas lui dresser de statue, ne pas l'auréoler de perfections. Ce que sûrement elle ne demande pas. En tout cas je l'espère.

En arrivant chez moi, la télé était allumée. Je compris qu’on en était à la fin d’un téléfilm où Didier Bezace tenait un rôle. Tiens, justement, il y était, à cette soirée royale. Il y a lu un subtil conte africain. Il a dit ce qu’il ferait le 22 avril. Il l’a dit simplement, sans en rajouter, sans laisser croire à des miracles, sans parer la candidate de toutes les perfections. Cet homme que je ne connais pas mais que j’apprécie beaucoup comme acteur, a fait que ma soirée a eu son moment de plaisir. Déjà ça !

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