Ah qu’ils étaient contents, contents du Président de la République et contents d’eux, ces vieux messieurs présents sur le plateau de Ce soir ou jamais du 17 janvier dernier. Oui, c’est avec plaisir, satisfaction et même fierté que Georges Kiejman, 81 ans, Philippe Sollers, 77 ans, Jean-Michel Ribes, 67 ans, jugeaient que François Hollande « habitait enfin la fonction ». A preuve sa conférence de presse, à preuve aussi sa vie sentimentale.
Il faut protéger la vie privée, affirmaient-ils, ne pas mêler vie privée et vie publique, mais que faisaient-ils d’autre que lier les deux quand ils nous expliquaient, tel Sollers, que Hollande était bien meilleur depuis qu’il avait eu « la force de s’échapper du matriarcat féroce » qui pesait sur lui (toujours la faute des femmes, bien sûr !) ; ou bien, quand ils nous affirmaient, tel Kiejman, qu’« Hollande n’avait jamais eu une attitude aussi présidentielle » que depuis qu’il était amoureux.
Ils disaient les mots « amoureux » et « amour », ils nous les répétaient et Sollers même en bavait mais on comprenait bien, à voir les sourires entendus et les mines complices, que ces mots venaient à la place de ceux qu’ils n’osaient pas prononcer mais qu’ils avaient en tête, « bander » et « baiser ».
Les hommes plus jeunes qui participaient au débat semblaient en être gênés. Nous l’étions aussi. Et la prestation de ces vieux messieurs ne se situait pas à un autre niveau que les « révélations » de Closer.