Henri Weber, Fabienne Servan-Schreiber et les autres…6 octobre 2007

Ce fut le grand rendez-vous parisien de la rentrée. Vous n’y étiez pas ? Eh bien, c’est que, comme moi, vous « n’existez pas socialement. » C’est en tout cas ce qu’estime ce pantin de Gérard Miller qui, lui bien sûr, était de la fête, comme, selon Le Monde, des banquiers, des patrons, des ministres, des journalistes, des acteurs/trices, des chanteurs, des éminences de gauche et de droite, des soit-disant opposants à Sarkozy et des membres de son gouvernement…

Ce qui ressort de cette très courue fête parisienne – le mariage de Henri Weber, ex militant de la ligue communiste révolutionnaire devenu socialiste et fabiusien, avec Fabienne Servan-Schreiber célébré au Palais d'hiver, pardon au Cirque d'hiver – c’est que ce qui est pensé, ce qui est dit, ce qui est fait, ne compte pas. Les idées, les mots, les actions n’ont aucune importance. Ce qui compte, ce qui a de la valeur, c’est d’en être. C’est d’avoir la surface sociale, la notoriété médiatique, le pouvoir – et qu’importe sur quoi ils se fondent, et peu importe ce qui les a nourris – pour être conviés et apporter avec soi sa plus-value. Le reste, les critiques, les débats, les dénonciations, les polémiques, les affrontements, les invectives, oui, mais pour la galerie, pour le bon peuple. Avant, après, on peut se retrouver, entre soi.

Même Régis Debray, qui a fait de la dénonciation du jeu médiatique, de la confusion des idées et des valeurs son fond de commerce en était. Et même, si l’on croit Le Monde, comme l’un des personnages principaux.

 

Voilà une soirée parisienne qui dit le monde réel, le monde tel qu’il est, c’est-à-dire balzacien.

 

Mais dire cela n’est pas suffisant. En tout cas ne me suffit pas. Ajouter donc que, une fois de plus, c’est l’étonnement, quand même. Ne pas s’attendre à cela. Pas de certaines personnes. Ne pas penser en effet que Henri Weber et Fabienne Servan-Schreiber étaient aussi peu regardants côté relations. Ne pas penser que, pour eux, ce qui comptait d’abord, ce qui comptait avant tout, c’était la notoriété, le fric, le pouvoir…

Jadis, cela s’appelait le Tout Paris. Et appartenir au Tout Paris suffisait à rendre honorable et fréquentable. Je dis cela parce que c’est à cause de cette appartenance au Tout Paris que François Mitterrand jugeait qu’il n’y avait rien de honteux, (propos rapporté par Laure Adler dans L’année des adieux),à fréquenter, dans les années cinquante et après, René Bousquet, ex secrétaire général de la police de Vichy.

 

Et ajouter encore autre chose, ajouter qu’il y a quelque fatigue à ce que de surcroît, encore, toujours, ces gens nous la jouent continuateurs des barricades, de Mai 68, et que même ils prétendent incarner Mai 68. Et même les soixanthuitards. Et même la génération d’après-guerre tout entière. Oui, jusqu’à quand ? Eh bien, c’est clair, jusqu’à notre mort. Jusqu’à ce que des historiens, enfin, commencent à travailler.

 

 

 

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