Martine Storti Site

Annulation de la différence des sexes ou de leur indifférenciation ?

Il parait, si l’on en croit quelques livres, colloques et articles, que la différence des sexes est menacée d’annulation et qu’il faudrait donc s’efforcer de la défendre et même de la « sauver ». Rappelons d’abord que cette crainte de l’annulation de la différence des sexes est un refrain et même une rengaine qui accompagnent depuis plus de deux siècles chaque moment, chaque étape et chaque enjeu de l’émancipation des femmes, qu’il s’agisse d’un abandon d’une contrainte, par exemple celle du corset ; d’un emprunt à une tenue vestimentaire qui leur était interdite, par exemple le port du pantalon ; d’une conquête par les...

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La fabrique du néoféminisme

Il y a des termes fourre-tout, ils sont bien pratiques, ils permettent de tout confondre et de se dispenser de la complexité. Néo-féminisme en est un.Etre en désaccord avec tel ou tel courant féministe ou qui s’auto-qualifie ainsi et le critiquer est bien sûr un droit indiscutable. Ce qui l’est moins, ce sont les procédés mis en œuvre :  homogénéisation, généralisation, simplification, caricature, indifférence aux nuances, aux différences, aux distinctions.

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C’est par l’Iran de 1979 que j’ai commencé mon livre “Pour un féminisme universel”

En 1979, des féministes de divers pays et pas seulement occidentaux, affirmèrent une solidarité politique avec les manifestantes iraniennes, ayant alors plus de lucidité à l’égard du régime qui s’annonçait que bien des gouvernements et bien des intellectuels ou militants d’extrême gauche qui n’avaient pour seule boussole que la lutte contre « l’impérialisme américain et /ou occidental » et dont beaucoup ont regardé avec méfiance les initiatives féministes, méfiance évidemment partagée par les tenants du nouveau régime.

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Entretien dans Libération

Extrait de mon entretien publié par Libération (22 juillet 2022)

Pourquoi, selon vous, le corps des femmes est-il toujours attaqué, contrôlé par les hommes ?

Sans doute y a-t-il de nombreuses raisons et je vais en oublier car il faudrait des pages et des pages pour répondre à votre question. Je crois qu’à la base il y a quelque chose où se mêlent la frustration et la peur. Frustration, jalousie même relativement à la grossesse, d’où la valorisation, en compensation, des organes sexuels masculins et la dévalorisation des féminins. Peur de ne pas être le père de l’enfant à naître, d’où le contrôle. Mais peur aussi de la sexualité féminine, le «continent noir» de Freud à jamais mystérieux et subtil. D’où la domination, avec l’idée que la véritable sexualité, la sexualité de droit en quelque sorte, est la sexualité masculine, les femmes n’étant là que pour la satisfaire. Et la violence si elles refusent.

La suite https://www.liberation.fr/plus/les-violences-contre-les-femmes-sont-helas-universelles-20220722_HUZPFTFZTNBPHEKCSPMZ5LGN74/?redirected=1

Faire entrer les droits des femmes dans la définition de l’Etat de droit

Tribune parue dans Libération le 17 janvier 2022

La France a placé sa présidence du Conseil de l’Union européenne sous l’égide de trois termes : « puissance », « relance », « appartenance ». Prenons les au sérieux et allons au-delà d’un affichage rimé.
Si l’on entend par « puissance » non la domination mais la capacité à agir, à s’emparer de la complexité du présent, à préparer l’avenir, à se donner les moyens d’une indépendance et d’une souveraineté à plusieurs, alors il n’y a pas de « puissance » sans égalité entre les femmes et les hommes, c’est-à-dire sans abolition générale du patriarcat et de la domination masculine. Les inégalités entravent la « puissance » ainsi conçue, l’égalité la favorise.

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Le peuple aussi mérite le “sociétal”

Tribune que j’ai publiée dans Le Monde (27 décembre 2021)

C’est un refrain : la gauche aurait abandonné le « social » au profit du « sociétal », ce qui expliquerait que « les classes populaires » s’en détournent. Ce cliché qui se donne pour une analyse sociopolitique est repris à la fois par quelques farouches partisans d’un anticapitalisme radical, mais surtout par celles et ceux qui manient quasi quotidiennement cette opposition entre le social, qui serait du côté du peuple, et le sociétal, qui ne serait que du côté, au choix, des « élites », des « bobos », et autres tenants du « gauchisme culturel » ou du « wokisme ».

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La défense du patriarcat en défense de l’identité française

Mon article sur l’anti-féminisme identitaire d’Eric Zemmour

Dans le réquisitoire permanent que Zemmour dresse depuis plusieurs années, toujours avec les mêmes arguments, répétés de livre en livre, et qui se donne comme une analyse de ce qu’il appelle « la mort de la France » – mort qui relève en même temps d’un suicide et d’un assassinat –, la question des femmes tient une place aussi centrale que celle de l’immigration. L’antiféminisme de Zemmour ne relève pas seulement de la misogynie ou du sexisme, il est une composante fondamentale de ce qu’il préconise pour que la France redevienne ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être, selon lui : une nation catholique, sans immigrés et patriarcale. L’identité française se confond avec le patriarcat et la France n’est elle-même que patriarcale. Suite en ligne ou ci-dessous (mais sans les notes de bas de page)

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